PREFACE
[Image de page : I ]Résidant à Seoul depuis plus d’une année, j’ai voulu comprendre la vie, étudier quelques points de l’histoire du peuple, au milieu duquel je me trouve : dans les documents officiels comme dans les conversations, dans les inscriptions et dans les livres, j’ai rencontré la trace d’un état social, l’indication d’une administration qui sont particuliers au pays de Corée et sur lesquels aucun ouvrage européen ne jette une lumière suffisante. J’ai donc essayé de m’éclairer par les ouvrages indigènes : les chapitres qui suivent, sont le résultat de mes recherches.
Je me suis proposé d’abord de donner une liste, aussi détaillée et étendue que possible, des ressorts du gouvernement, avec de brèves indications sur les mouvements dont ils sont animés : mais l’administration, qui veille au fonctionnement d’une société vivante, exprime, pour une certaine part, les besoins de cette société et réagit sur l’organisme d’où elle est sortie, en le faisant prendre conscience de ses aspirations, soit qu’elle les refoule, soit qu’elle les satisfasse d’une manière plus ou moins adéquate : je n’ai donc pu me borner au répertoire des organes du gouvernement coréen et, pour en faire voir le jeu, j’ai cherché à montrer la matière administrée à côté de la machine qui administre. Et, non content d’assister à la marche présente de ces rouages, il m’a fallu, pour en expliquer les figures et l’agencement, rechercher ce qu’étaient les anciens rouages dont ils ont pris la place au cours des temps.
Ce qui attire, avant tout, le regard en Corée, c’est l’imitation
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de la Chine :
langue officielle, style de la correspondance, formes littéraires, systèmes
philosophiques, rites, costumes de cour, titres et fonctions, partout c’est la
Chine, soit celle des Ming, soit celle des Song, ou des Tang [T’ang], ou
d’époques plus reculées encore : et le coréen se fait gloire d’être un copiste
fidèle. Tous ces usages d’époques différentes, conservés ensemble et mis sur un
même plan, nous font voir sans tarder que c’est seulement une copie que nous
avons sous les yeux, une copie qui a subi de nombreuses retouches. Sous la
dynastie actuelle, les idées chinoises ont pénétré bien avant dans l’esprit de
la nation ; à la fin de la dynastie précédente déjà, le fond coréen se montre
plus à découvert ; si nous remontons plus loin, jusqu’au XIe siècle, l’influence
de la Chine existe dans les mots, dans les formes, mais à peine dans la réalité
des choses ; et plus haut encore, avant le VIe siècle, les faits que nous
savons, sont purement coréens, sans aucune empreinte étrangère. Mais Aujourd’hui
même, sous le vernis qui le recouvre, le caractère indigène perce en plus d’un
endroit : si le Coréen néglige son style, il y introduit aussitôt des tournures
qui n’ont rien de chinois, et, dès qu’il cesse de veiller sur son attitude, il
redevient lui-même.
La nature de la Corée a un charme pénétrant : une côte profondément découpée,
semée d’îles verdoyantes ; un sol très accidenté, sans plaine où l’œil s’égare,
sans grandes montagnes, mais où les plus petites collines se parent de je ne
sais quelle majesté mêlée de grâce ; de larges fleuves au cours rapide, partout
des vallons frais et des eaux claires ; une végétation très variée, assombrie
par les conifères, mais égayée par la quantité des fleurs ; très vigoureuse,
elle s’épanouit à l’automne en un luxe de frondaisons folles où s’épuise la
gamme des ors et des roux ; et enfin une lumière pure, ambrée, sans nulle
sécheresse, qui baigne les verdures et les rochers, accuse ou noie les détails
et fait du même site un paysage nouveau à chaque heure du jour. Le climat est en
général très doux : mais les éléments ont une violence étrange pour un pays de
zone tempérée ; parfois le vent ou la pluie font rage, brisent, transpercent,
inondent ; et les changements de température se suivent avec une rapidité faite
pour déconcerter. Il y a beaucoup d’harmonie entre la nature de la Corée et le
caractère des habitants :
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artiste d’instinct, le Coréen a un profond sentiment
de la couleur, de la ligne ornementale, de la perspective même, comme on le peut
voir dans ses dessins, ses broderies, ses motifs de plafonds, ses ferrures pour
meubles, ses vases de laiton : il est passionné, violent, tout soumis à son
idée ; mais son idée ne dure qu’un temps fort court, la volonté lui manque pour
la tenir et un autre caprice le remplace bientôt ; aussi, pour tout ce qui
demande préparation et continuité d’action, est-il de beaucoup inférieur aux
peuples voisins ; sa violence est brève et d’habitude, il est facile à conduire.
Il aime les idées plus que les actes, et les paroles plus que les idées ; très
capable de spéculation philosophique, il s’est presque toujours égaré dans les
discussions de mots ; mais souvent il s’est épris de ses mots ou de ses théories
et leur a sacrifié sa position, sa liberté, sa vie : le confucianisme a eu des
sectes en Corée, des persécutions et des martyrs.
Si par caractère le Coréen
n’est pas bien armé pour la vie pratique, les circonstances aussi lui ont été
fort contraires : le sol est trop montagneux pour être riche ; l’homme est
sobre, est faible devant les éléments destructeurs : il travaille peu. Le pays
est coupé en une multitude de petites vallées qui communiquent difficilement ;
les fleuves torrentueux ne servent pas de route, mais séparent les riverains ;
l’état naturel de la Corée, c’est, semble t-il, d’être divisé en principautés ou
en tribus et il en a été longtemps ainsi ; les annales, jusqu’au VIIIe siècle
sont remplies des luttes de ces petits Etats. Le commerce a donc été presque
impossible, et est encore très difficile. Si loin que l’on remonte dans
l’histoire coréenne, on trouve une noblesse : territoriale, féodale, pourrait on
dire, dans le pays de Silla [Sin ra], où le Roi n’était d’abord que le premier
des chefs de tribus, elle a lentement changé de caractère : Le pouvoir royal a
peu à peu maîtrisé ceux qui l’avaient mis à leur tête, et s’est appuyé pour
cette oeuvre sur les idées confucianistes : mais, encore sous la dynastie de
Koryŏ [Korye], les résistances ont été vives et ont pris la forme d’empiétement
des mandarins, surtout des mandarins militaires, sur l’autorité du Roi ;
d’ailleurs les idées chinoises d’absolutisme portent avec elles leur correctif,
et ces mêmes principes confucianistes ont, principalement depuis
cinq ans ans,
constitué une classe de
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lettrés nobles, héritiers de l’ancienne noblesse et dont
l’opposition a plus d’une fois triomphé de la royauté. Les privilèges des nobles
sont encore énormes : un noble est un être d’essence supérieure, qui ne peut
sans déroger exercer aucun métier, qui a tout pouvoir sur le peuple et qui abuse
de ses droits. L’existence de cette classe a encore eu, indirectement, un effet
fâcheux sur la formation de la société coréenne : les plus élevés parmi le
peuple, se sentant méprisés, ont voulu avoir quelqu’un à mépriser, et ceux-là
ont méprisé ceux qui étaient au-dessous : si bien que la Corée donne le
spectacle d’une hiérarchie de castes, séparées par des barrières à peu près
infranchissables et dont chacune ne songe qu’à user de servilités envers les
supérieurs et de tyrannie envers les inférieurs. Sûr de ne pas conserver le
fruit de son travail, parqué dans des corporations sans nombre, enchaîné par des
lois somptuaires minutieuses, l’homme du peuple n’a, à proprement parler, ni
industrie ni commerce, il vit surtout de paresse : et on peut le voir du matin
au soir accroupi devant sa porte, fumant sa longue pie de bambou et causant avec
ses voisins. Les habitants des deux provinces de P’yŏngan [Hpyeng an] et de
Kyŏngsang [Kyeng sang] qui correspondent aux anciens royaumes de Koguryŏ [Ko kou
rye] et de Silla [Sin ra] sont plus actifs et plus industrieux : cette
différence de caractère et quelques coutumes spéciales qui existent encore,
indiquent peut-être une origine ethnographique différente, à laquelle l’histoire
ne contredirait pas.
Enfin la situation de la Corée entre la Chine et la Japon a été funeste au libre développement du génie de la race : l’histoire de la péninsule est celle d’une longue guerre et pour ne remonter que jusqu’au VIIe siècle, le pays a été depuis lors ravagé, soumis, bouleversé par les Tang [T’ang], par les Mongols, par les Japonais, et par les Mantchous : les Rois, pour détourner les orages, se sont faits petits, ont fait passer leur contrée pour pauvre et ont interdit tous rapports avec les étrangers. Il y quinze ans seulement qu’une politique nouvelle a été adoptée.
Les considérations qui précèdent, m’ont imposé le plan que j’ai
suivi : l’étude de la société coréenne remplit les chapitres XIV à XXII,
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le gouvernement fait l’objet des treize premiers chapitres, les chapitres I, II et
III
étant consacrés à la Cour, le chapitre IV à l’administration générale, les
chapitres V à X aux ministères et bureaux spéciaux divisés en six séries, les
chapitres XI et XII à l’administration locale et le chapitre XIII à l’organisation
militaire. Dans la seconde partie, les chapitres XIV, XV et XVII à XX étudient les
divisions hiérarchiques du peuple coréen, le chapitre XVI s’occupant des
anciennes relations officielles avec la Chine et le Japon, relations qui avaient
lieu par l’intermédiaire d’une classe spéciale, la classe des interprètes ;
enfin les chapitres XXI et XXII traitent de l’organisation religieuse. Dans chaque
chapitre et chaque subdivision de chapitre , j’ai disposé les faits suivant
l’ordre chronologique : il sera facile, de la sorte, de voir l’introduction et
le développement des idées chinoises.
Pour l’orthographe des mots coréens, j’ai suivi la transcription adoptée par les Missionnaires des Missions Etrangères dans leurs beaux ouvrages sur la langue ; Pour les caractères chinois seulement, dont la prononciation coréenne est souvent jugée incorrecte par les coréens eux mêmes, je me suis efforcé de donner une transcription plus régulière en me servant du dictionnaire chinois coréen intitulé Chŏnun okp’yŏn [Tjyen oun ok hpyen], 全韻玉篇 전운옥편 (2??). Quant à la notation de l’aspiration, je l’ai maintenue sous la même forme que les Missionnaires de Corée lui ont donnée (h, hk, tch, ht, hp), quoique l’on fasse remarquer avec raison que l’aspiration coréenne suit la consonne et ne la précède pas : mais cette question m’a semblé secondaire dans une étude surtout historique et je n’ai pas cru devoir rompre avec le système en usage.
Je n’ai pas traduit littéralement les noms des administrations ni les titres des
fonctionnaires, le mot-à-mot de pareilles expressions serait à peu près
intelligible ; j’ai essayé de ne pas parler chinois en français et, malgré mes
efforts, les termes qui ne sont pas réellement traduits, sont encore nombreux.
J’ai, en général, donné des équivalents que j’ai empruntés à l’administration
française, moderne ou ancienne, et, en cas de besoin, à l’administration
romaine : il m’est arrivé même, dans quelques cas, d’en être réduit à imaginer
des expressions. Je me suis toujours attaché à rendre
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plus l’idée de l’institution que le sens même des caractères : comme d’ailleurs ceux-ci
accompagnent toujours la traduction française, ils serviront à corriger ce que
cette dernière aurait de trop libre.
Les livres dont je me suis servis, sont les suivants :
文獻通考, Wenxian tongkao [Wen hien t’ong k’ao], Examen des Archives ; ouvrage chinois
de Ma Duanlin [Ma Twan
lin], 馬端臨 [1254-1325] ; cet ouvrage a été assez étudié et la valeur en est assez
appréciée pour que je n’ai pas à en parler ici ; j’aurais aimé consulter
l’excellente traduction avec commentaires que m. le Marquis d’Hervey de
Saint-Denys a publiée des livres relatifs à la Corée ; mais je ne l’avais pas à
ma disposition, et j’ai dû me contenter du texte chinois.
Tous les ouvrages qui suivent ont été composés en langue chinoise, par des Coréens :
三國史記 삼국사기, Samguk sagi [Sam kouk să keui], Mémoires historiques des Trois Royaumes (Silla [Sin ra], Koguryŏ [Ko kou rye], Paekche [Păik tjyei]) ; 10 vol. in 4 ; édition qui semble être une réimpression d’une édition de 1393-1394. L’édition de 1393-1394 avait été donnée d’après une copie manuscrite. Cet ouvrage a été composé par ordre royal ; l’auteur, Kim Pusik [Kim Pou sik], 金富軾 김부식, vivait à la fin du XIe siècle.
大東韻玉 대동운옥, Taedong unok [Tai tong oun ok], Dictionnaire encyclopédique coréen, rangé par rimes : ouvrage composé à la fin du XVIe siècle par Kwŏn Munhae [Kouen Moun Hăi], 權文海 권문해, Président du Conseil privé (20 vol. in folio).
文獻備考 문헌비고, Munhŏn pigo [Moun hen pi ko], Examen des Archives, composé par ordre royal : une commission de hauts fonctionnaires rédigea cet ouvrage qui fut imprimé en 1770 (40 vol. in 4).
紀年兒覽 긴연아람, Kinyŏn aram [Keui nyen ă ram], Abrégé des Annales, ouvrage manuscrit par Yi Manun [Ri Man oun], 李萬運 이만운, 1778 (6 vol. in 4).
銀臺便攷 은대변고, Ŭndae pyŏn’go [Eun tăi pyen ko], Examen des affaires du Conseil privé, ouvrage manuscrit renfermant les principes et les précédents ; on peut fixer la date de composition entre 1837 et 1844 (10 vol. grand in 8 carré).
大典會通 대전회통, Taejŏn hoet’ong [Tai tyen hoi htong], Collection des Statuts
fondamentaux,
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ouvrage imprimé par ordre royal en 1865 (5 vol. in folio).
六典條例 육전조례, Yukchŏn chorye [Ryouk tyen tyo ryei], Réglements relatifs aux Statuts, ouvrage imprimé par ordre royal en 1866 (10 vol. in 4).
璿源譜略 선원보략, Sŏnwŏn poryak [Syen ouen po ryak], Abrégé des Listes généalogiques de la Maison Royale, imprimé par ordre royal en 1883 (8 vol. in folio).
通文館志 통문관지, T’ongmun kwanji [Htong moun koan tji], Histoire de la Cour des Interprètes, composée sous la direction de l’Interprète Kim Kyŏngmun, 金慶門 김명문, en 1720, ouvrage officiel (édition complétée, 6 vol. in folio, 1889).
Le témoignage de Ma Duanlin [Ma Twan lin] est d’un grand poids, puisque cet auteur a puisé aux sources chinoises et à des documents officiels ou privés, contemporains en général des faits rapportés : mais, totalement étranger à la Corée, il ne donne que des renseignements incomplets et qui ne sont pas exempts d’inexactitudes.
Les Mémoires historiques des Trois Royaumes sont dus à un haut fonctionnaire
coréen qui vivait cent cinquante ans après les derniers événements qu’il relate,
plus de mille ans après l’origine des trois Royaumes : à cette époque, la
culture chinoise était déjà implantée en Corée, on méprisait fort les barbares
des anciens âges, les vieux dialectes avaient laissé seulement quelques traces
dans les noms d’hommes et de lieux et dans les titres, et ils n’étaient plus
compris, toutes circonstances défavorables à la composition d’une histoire
exacte et impartiale. Néanmoins cet ouvrage est encore précieux comme tableau
d’ensemble et comme richesse de détails ; Kim Pusik [Kim Pou sik] a lu et cite
des documents coréens rédigés en chinois, documents Aujourd’hui disparus et dont
la valeur ne semble pas contestable pour les périodes contemporaines ; mais ces
documents ne sauraient avoir été antérieurs au IVe siècle et il y a bien des
chances pour qu’ils aient été postérieurs : l’écriture chinoise en effet, a été
introduite au IIIe siècle dans le nord et l’ouest de la péninsule, puisque c’est
un lettré du Paekche [Păik tjyei] qui enseigna les caractères aux Japonais
pendant la période 270-312 ; la langue chinoise était connue dans le Silla [Sin
ra] en 650, et vraisemblablement dès 528 par l’intermédiaire des bonzes ; mais
elle ne s’est répandue que lentement et c’est seulement au VIIIe siècle que
l’usage paraît s’en
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VIII ]
être généralisé. Les sources écrites des Mémoires
historiques ne sauraient donc être plus anciennes que le IVe siècle pour le
Paekche [Păik tjyei] et le Koguryŏ [Ko kou rye], que le VIe siècle pour le Silla
[Sin ra] ; avant ces deux époques, que Ma Duanlin [Ma Twan lin] nous permet
d’indiquer, il n’y a que des traditions, et elles sont souvent fabuleuses ; à
partir de là et jusqu’au Xe siècle où s’arrêtent les Mémoires, les faits
semblent mieux établis, ils sont du moins plus détaillés et plus
vraisemblables.
L’Examen des Archives coréennes et toutes les autres œuvres historiques postérieures à celle de Kim Pusik [Kim Pou sik], s’appuient, pour les temps anciens, sur les histoires chinoises et sur les Mémoires historiques, auxquels il faut joindre les Antiquités des Trois Royaumes, Samguk yusa [Sam kouk you să], 三國遺事 삼국유사, dues à deux bonzes de la dynastie de Koryŏ [Korye] et que les auteurs coréens accusent de nombreuses erreurs. Pour l’histoire de la dynastie de Koryŏ [Korye] et de La dynastie actuelle, les documents contemporains des faits ont été mis en ordre et résumés dans l’Examen des Archives qui est composé avec beaucoup de soin et de sincérité ; j’ai eu souvent aussi l’occasion de constater l’exactitude des assertions qui se trouvent dans l’Abrégé des Annales et dans le Dictionnaire encyclopédique. Quant à l’Histoire de la Cour des Interprètes, à l’Abrégé des Listes généalogiques, à l’Examen des affaires du Conseil privé et aux deux ouvrages sur les Statuts, ce sont des publications officielles ou semi-officielles, précieuses pour l’abondance et la clarté des renseignements : en particulier, la Collection des Statuts fondamentaux, grâce à la disposition typographique, donne, en même temps que la législation de 1865, celles de 1469, de 1744 et de 1785.
Dans tous ces ouvrages, les dates sont indiquées pour chaque règne par le nom du
Roi, avec le numéro d’ordre ou avec les caractères cycliques de l’année : les
caractères cycliques ne laissent place à aucun doute ; le numéro d’ordre de
l’année est moins clair, parce que les Coréens comptent pour première année d’un
règne soit l’année même de l’avènement, soit l’année suivante : il peut ainsi y
avoir une erreur d’une année dans la date européenne correspondante. Les
premières années des règnes sont fixées
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par rapport à la chronologie chinoise :
je me suis servi pour celle-ci des tableaux donnés par le Chinese Reader’s
Manual de Mayers.
L’ouvrage le plus récent qui traite de l’administration en général (Règlements relatifs aux Six Statuts) étant de 1866, j’ai négligé dans les vingt-deux premiers chapitres les faits postérieurs à cette date, à l’exception de quelques-uns d’entre eux, d’une importance secondaire et qui ont trouvé naturellement place à la suite de l’exposé. J’ai réuni dans un vingt-troisième chapitre toutes les réformes importantes survenues depuis lors (1866-1891) : j’en dois connaissance presque uniquement à des renseignements oraux recueillis à droite et à gauche et qui, surtout pour la fixation des dates, peuvent être soupçonnés d’inexactitude.
Je suis persuadé que la présente étude contient et des erreurs et des omissions : du moins puis-je dire que je n’ai laissé de côté aucun document qui soit venu à ma connaissance, ni négligé aucun moyen d’information qui ait été en mon pouvoir.
Je ne dois pas manquer de mentionner ici le nom de m. Yi Inyŏng [Ri In yeng], 李寅榮 이인영, Interprète Coréen du Commissariat de France, qui a été, pour tout ce travail, mon collaborateur patient, perspicace et consciencieux. Maurice Courant
Seoul, le 24 décembre 1891